François Sargologo
François SARGOLOGO
François Sargologo est un artiste plasticien d’origine libanaise basé en France. Sa pratique interroge principalement différents aspects de l’identité, de l’exil, des questions introspectives et sociales en se concentrant presque exclusivement sur sa ville natale de Beyrouth. La combinaison de la photographie, du texte et du matériel d’archives impulsent la base de son processus créatif dans les possibilités esthétiques de sa pratique. Son travail fait partie des collections privées et publiques.
En tant que directeur artistique, il a également conçu différentes collections de livres pour des éditeurs tels que Le Seuil, les Presses Universitaires de France (France), la Fondation Bodmer Museum en Suisse, …
Lauréat du ‘European Print Award of Excellence’ par Print Magazine for Progress, un livre d’artistes (Grande Bretagne), il a également été publié dans des magazines de design tels que ‘Étapes Graphiques’ (France) et ‘Page Magazine’ (Allemagne).
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Beyond the Sea - Au-delà de la mer.
A group of 16 works on paper, each one mixing a photo and a text written by the artist.
The Janine Rubeiz Gallery did the first exhibition of this serie.
Ari Akkermans, No Longer and Not Yet.
Sargologo’s Au-delà de la Mer (Beyond the Sea) is a lyric lamentation on the visual syntax of a city that he does not attempt to recreate, but simply to highlight its more essential qualities. It is not the nostalgia of mourning but of something circulating, vivid and present. The photographs, taken in Beirut in the 1980s, were lost and then many years later found and torn apart from their memory environment, then re-staged not as continuity, but in a voyeuristic manner: Mere glimpses accompanied by texts written thirty years later. The oscillating images do not strike us as pop art or an archive. They are a casual monument to happiness and do not indulge in the distance of the physical ruin. They are close and warm. Yet they’re very far away. Their power lies in the impossibility to become real now.
Something familiar emerges in Sargologo’s work. The coffee tables behind which missing relatives were awaited. The family photos of those who never returned. A pristine Levantine garden abandoned when entire families left Lebanon to never return, but the fruits are still on the table, the trees are still blossoming. His places are more real and tangible than the battlefields. These places still exist in the debris out of which a collective is re-mapped and made understandable. The emotional distance from the images attests to the fact they were excavated and presented as autonomous objects with muted meanings. The texts are poetic but candid, almost invisible, from a ghost-world. But they are crystal clear as the site of happiness.
Sargologo toy with the apocalyptic imaginary in the traditional sense – a symbolic universe that codifies an interpretation of reality leading towards another world; the images are not left alone to speak by themselves. In this parallel world, heaven descends upon earth and in turn, the earth ascends into an inferno. The project of history is intercepted by the crude logic of the present, in which the trail of contradictions implodes into a heterogeneous viscous substance.
Unlike photography of war, the two Lebanese photographers are not in search of moral images that can elicit explicit reactions - fear, dread, disgust, pain, horror - but rather singularities; undefined, loose, smothered. Irredentism is a commonplace in their work, and by negating the possibility of redemptive and redeemed images, they place themselves at the edges of laughter. A laughter that is neither comic nor sinister, but a crystalline affirmation of the necessity to live without illusions, at the edge of a volcano, turning this into something marvelous and heart-breaking, while at the same time frightening and mysterious.
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Beyrouth Empire.
A group of 24 original photomontages.
The Janine Rubeiz Gallery did the first exhibition of this serie.
Beyrouth Empire est une métaphore onirique qui invite à un voyage levantin dans une époque improbable. Inspiré des Sunduq al-Aja’ib, Sargologo nous transporte au seuil du cosmos, dans une temporalité du paradoxe aux abords d’un trou noir où tout peut basculer.
Grégory Buchakjian
Ce ne sont ni Ingres ni les maîtres italiens de la Renaissance que François Sargologo avait en tête, lorsqu’il entreprit les ébauches de la série qui allait devenir Beyrouth Empire, mais plutôt un maître italien du cinéma, Federico Fellini et plus précisément sa Strada, qui dépeint la tragédie de l’Italie d’après-guerre à travers le prisme de l’errance de saltimbanques . Ce regard sur l’humanité en détresse incita Sargologo à introduire dans ses compositions des figures, aussi bien de bateleurs et acrobates, mais aussi de portraits de familles trouvés dans ses archives.
Dans une des compositions, campée sur un bord de mer au-dessus duquel flotte une lune, un ange aux airs de gros poupon renvoie à un autre film du cinéaste, La Nave va. Dans cette même composition, le positionnement de la lune, dont on ne sait plus si elle est convexe ou concave, dans le disque du tondo, donne à l’ensemble une ressemblance avec la « Death Star » qui fait régner la terreur dans Star Wars ; une référence non volontaire, mais bienvenue. Non seulement parce que cette structure létale est l’œuvre d’un Empire intergalactique, mais aussi parce que la série cinématographique créée par Georges Lucas regorge elle-même de figures burlesques et clownesques.
Or Sargologo construisait son propre empire, un empire de la genèse et de l’écroulement de Beyrouth, en puisant dans les mondes étranges des légendes et des histoires orales véhiculées par les hakawati - conteurs. Sa quête le mena au sunduq al-aja’ib ou sunduq al-furja, ou boîte à merveilles. Cette forme archaïque de cinéma ou d’image animée était un compartiment à l’intérieur duquel l’œil du regardeur, le plus souvent un enfant émerveillé, plongeait les yeux pour voir se dérouler une scène en mouvement racontant une épopée .