ABDALLAH BENANTEUR, Le Chant de la Terre. Rétrospective-Hommage.
Exposition du 9 juin au 9 septembre 2018.
Entrée gratuite.
Le Musée de l’Hospice Saint-Roch à Issoudun consacre une rétrospective-hommage au grand peintre Abdallah Benanteur (1931-2017) et déploie dans ses espaces un choix d’œuvres remarquables et représentatives de toutes les périodes de son œuvre, depuis l’année de son arrivée à Paris en 1953, jusqu’à l’arrêt de son activité en janvier 2012 : cinquante-et-une peintures (certaines de très grand format) et cinquante-six œuvres graphiques : gravures, dessins, aquarelles, gouaches et livres d’artiste.
Né en 1931 à Mostaganem, Abdallah Benanteur a baigné dans un milieu familial et culturel algérien sensible à l’écriture et au livre manuscrit enluminé, à la poésie mystique musulmane, à la musique et au chant andalous. Après ses études à l’Ecole des beaux-arts d’Oran et son service militaire, il s’établit à Paris en 1953, dont il fait sa capitale de vie et de création. Il s’est éteint le 31 décembre 2017 à Ivry-sur-Seine.
Imprégné par la culture arabe de son Algérie natale, par la grande peinture européenne des musées de France et d’Europe, par les arts graphiques et les manuscrits d’Europe, d’Orient et d’Extrême-Orient, nourri par l’imaginaire des poètes du monde entier, - dont il était devenu un fin connaisseur, grâce à sa femme Monique Boucher, - il a su créer des oeuvres personnelles, des paysages poétiques baignés par la lumière réelle de sa Méditerranée natale et de sa Bretagne d’adoption et une lumière transcendantale qui transfigure les paysages de la mémoire en paradis peuplés de ses chers Elus.
La Nature et l’Histoire l’ont ainsi fait : solitaire, indépendant, inquiet, travailleur. Si sa production graphique est si abondante et volcanique, c’était son tempérament, il ne pouvait pas faire autrement. Le travail était aussi son moyen naturel de calmer son angoisse, de répondre au tragique de l’existence et, pour lui en particulier, de répondre au tragique de l’Histoire. Il était habité par un profond sentiment de culpabilité, d’une dette à acquitter : son frère serait mort à sa place pendant la guerre d’indépendance, sa mère serait décédée loin de lui, abandonnée à son sort, comme l’Algérie tombée dans la décadence et le désordre.
L’œuvre de Benanteur est le reflet d’une vision idéaliste et humaniste, issue de trois conceptions du monde qui l’ont successivement influencé et dont il a intégré profondément les catégories, car elles correspondaient à son idéal humain, esthétique et social : le mouvement soufi qu’il a connu enfant à Mostaganem (prières et poèmes mystiques psalmodiés en arabe, processions à l’occasion de certaines fêtes religieuses, livres enluminés et apprentissage de la calligraphie arabe), le mouvement communiste utopiste et pacifiste qui l’a marqué dans les années 1950 et 1960 en France, tous deux proches du bouddhisme de cet Extrême-Orient dont il connaissait si bien et admirait tant les poètes et les peintres (sagesse, poésie et peinture : paysage idéal et place modeste et harmonieuse de l’homme dans la nature). Il aurait aimé vivre et travailler dans un pays et à une époque où cet idéal humain, esthétique et social, existait encore : la fin du Moyen-Age européen ou l’apogée de la civilisation arabo-andalouse.
En l’absence physique de sa lumière méditerranéenne natale, Benanteur n’a pas senti le besoin, comme d’autres peintres, de rechercher une lumière physique semblable (celle du Midi, de l’Espagne ou de la Grèce) ; il a plutôt recherché une lumière différente, complémentaire, celle de la peinture : il prendra ses vacances dans les paysages tempérés de la Bretagne ; et lorsqu’il peignait, gravait ou créait des livres, il s’isolait toujours dans une lumière tamisée, dans son atelier ou dans le sous-sol de son pavillon de banlieue. La vraie lumière d’Abdallah Benanteur est dans son œuvre, différente selon ses périodes ; elle est d’ici et d’ailleurs, « ni orientale ni occidentale », elle baigne ceux dont le regard est en harmonie avec elle.
Publications disponibles :
BENANTEUR, Peintures. Monographie préparée et publiée par Claude Lemand, 224 pages, sous couverture et coffret en couleur, 25 x 33 cm. Textes en Français et en Anglais. Paris, 2002. ISBN 2-910263-00-2.
BENANTEUR, Œuvres graphiques. Monographie préparée et publiée par Claude Lemand, 288 pages, sous couverture et coffret en couleur, 25 x 33 cm. Textes en Français et en Anglais. Paris, 2005. ISBN 2-910263-02-9.
Abdallah BENANTEUR, Le Chant de la Terre. Rétrospective-Hommage. Texte d’Emmanuel Daydé. Catalogue de 112 pages, 21 x 29,7 cm. Musée de l’Hospice Saint-Roch, Issoudun.