ANGOULEME - MAHJOUB BEN BELLA - The Music of Signs.

From 20 August to 14 October 2021 - ANGOULEME - Cité internationale de la BD et de l'Image.

  • BEN BELLA, Thaï II.

    Thaï II, 2003. Mixed media on thai paper, 79 x 55 cm. Donated by the artist. Museum, Institut du monde arabe, Paris. Fonds Claude & France Lemand-IMA 2019. © Mahjoub Ben Bella. Courtesy Galerie Claude Lemand, Paris.

  • Ben Bella, Maya.

    Maya, 2009. Mixed media on Nepal paper, 88 x 68 cm. Museum, Institut du monde arabe, Paris. Donation Claude & France Lemand 2019. © Mahjoub Ben Bella. Courtesy Galerie Claude Lemand, Paris.

Mahjoub BEN BELLA. The Music of Signs. Paintings on paper.
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A l’occa­sion du fes­tival du Film Francophone d’Angoulême, l’Algérie étant le pays à l’hon­neur au mois d’août 2021, l’Institut du monde arabe et le Fonds Claude et France Lemand se sont asso­ciés à la Cité inter­na­tionale de la BD et de l’Image pour témoigner de la fra­ter­nité et de la sol­i­darité qui ont lié les artistes et les intel­lectuels algériens et français durant les années les plus dif­fi­ciles de leur his­toire com­mune, et qui se per­pétue de nos jours.

A travers l’expo­si­tion Mahjoub Ben Bella, La Musique des signes, Jack Lang, Claude Lemand et Pierre Lungheretti ont souhaité être parmi les premières insti­tu­tions de France à rendre hom­mage à ce grand artiste algérien et français, qui s’est éteint il y a juste un an, le 11 juin 2020, dans sa bonne ville de Tourcoing. Ils remer­cient du fond du cœur la famille de Mahjoub Ben Bella - Brigitte son épouse, Souhir et Nadjib ses enfants -, qui ont bien voulu nous prêter un large choix des deux séries de ses fab­uleuses oeu­vres sur papier Thaï et Maya.
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Mahjoub BEN BELLA (Algérie, 1946 - France, 2020).
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Claude Lemand
Mahjoub Ben Bella was born in the Western part of Algeria, in Maghnia, in 1946. He did his artistic training first at the School of Fine Arts of Oran, then in Tourcoing and finally in Paris, and set­tled in France. Ben Bella is a multi-faceted artist, pro­ducing mon­u­mental art­works, painting ceramics, objects, in addi­tion to large and small paint­ings on canvas, on paper, panel or even on stone, as well as per­for­mances and mon­u­mental com­po­si­tions for public spaces. His works have been exhib­ited in many solo and group shows in museums, art foun­da­tions and gal­leries across Europe and the Middle East. Besides having his works fea­tured in promi­nent pri­vate col­lec­tions across the globe, Ben Bella’s oeuvre is also pre­sent in the col­lec­tions of twenty museums and public col­lec­tions.
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Jean-Louis Pinte.
The most dis­tinc­tive aspect of his painting is his rep­e­ti­tion of a par­tic­ular sign or pat­tern, and how this sign or pat­tern res­onates like a mag­ical song. However, Ben Bella does not illus­trate nor does he fol­lows the illus­tra­tive steps of an ordi­nary Arabic cal­lig­raphy. Instead, he simply extracts from it a musi­cality that is given life through both his lines and colours. This even­tu­ally forms a music score that per­me­ates throughout the painting, the sounds of which pul­sate and vibrate across the art­work’s sur­face. Whilst he neglects the silence of a monochrome sur­face, he gen­er­ously covers his canvas with an abun­dance of qua­vers and other notes that dif­fuse the melody across the painting, trans­porting it towards a syn­co­pated and linear abstrac­tion. On some occa­sions, Ben Bella sur­passes this simple tonality and tries to carry the viewer away into life’s rustle and into its quiv­ering land­scapes. In the north of France, Ben Bella is renowned for the fres­coes he pro­duced along the roads, dec­o­rating more than 12 kilo­me­ters of cob­ble­stone with his signs and pat­terns. In his canvas paint­ings, he cre­ates sacred fields, the fur­rows of which lead the viewer to tran­scend the simple lyri­cism. It seems that he allows him­self to be taken over by the ver­tigo of writing up until ecstasy, thus becoming the bard of a book of prayers cel­e­brating the glory of art. (Jean-Louis Pinte, Les champs sacrés de Ben Bella, Figaroscope).
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Mustapha Laribi.
For a very long time, Ben Bella’s cre­ations were reduced to being qual­i­fied as an Arabic written form, yet his oeuvre only pre­served the pic­to­rial aspect, pro­ducing a rich art­work that descends both from Arabic cal­lig­raphy and European painting. Whether he focuses on the pro­fu­sion of motifs or on the effects of his chro­matic scale, Ben Bella cre­ates a con­tin­uous and metic­u­lous dia­logue of signs and colors. (Mustapha Laribi, Algérie à l’affiche, 1998).
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Metropolitan Museum.
At nine­teen years old, Mahjoub Ben Bella left Algeria to study at the École des Beaux-Arts in Tourcoing, France, then attended the École des Arts Décoratifs and École des Beaux-Arts in Paris. He estab­lished him­self inter­na­tion­ally as a diverse and expan­sive artist who paints not only canvas but also ceramic pieces, fab­rics, tiles, walls, everyday objects such as plates, and Métro sta­tions. Ben Bella also uses color to invent a new lan­guage of signs. Working from his uncon­scious, he cre­ates spon­ta­neous images based on instinct and memory. The pro­cess and the resulting art­work there­fore emerge from a trance­like state. His work evokes both Arabic cal­lig­raphy and European abstrac­tion, the signs and sym­bols mate­ri­al­izing out of com­po­si­tion and rhythm. Throughout, the move­ment of let­ters and cal­lig­raphy of sym­bols, tra­di­tional or invented, sig­nify an explo­ration of the senses, of colour, and of form.
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Claude Lemand
Mahjoub Ben Bella fut un peintre vir­tuose aux mul­ti­ples facettes. Parallèlement à ses grandes et petites pein­tures sur toile, sur papier, sur bois ou sur pavés du Nord, il réalise des céramiques, des objets, des gravures, des per­for­mances et des fresques mon­u­men­tales dans des lieux publics. En 1986, il peint les célèbres pavés du Paris-Roubaix, L’envers du Nord, fresque routière de 12 kilo­mètres (35 000 mètres carrés), tapis de signes, rouleau d’écritures. Deux années plus tard, en juin 1988, il réalise le por­trait de Nelson Mandela pour le con­cert‐évène­ment au stade de Wembley. En 2000, il investit une sta­tion de métro à Tourcoing où il crée une mosaïque géante, com­posée de 1800 car­reaux de céramique, …

Expositions per­son­nelles et col­lec­tives dans de nom­breux musées, cen­tres d’art et galeries de France, d’Europe, du Proche-Orient et une rétro­spec­tive au MAMA d’Alger. Mahjoub Ben Bella est représenté dans plusieurs musées et col­lec­tions publiques : The British Museum de Londres, le musée de l’Institut du monde arabe à Paris, The Royal Gallery d’Amman en Jordanie, La Piscine de Roubaix, le MUBA de Tourcoing, le LaM de Villeneuve-d’Ascq, la Mairie de Lille, la Dalloul Foundation de Beyrouth, la KA Collection du Liban, etc. Grâce à la dona­tion Claude et France Lemand, le musée de l’Institut du monde arabe est désor­mais riche de seize de ses lumineuses grandes pein­tures.
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Alain Jaubert
Avec sa couleur savane, ses poils sauvages, le papier thaï de Mahjoub Ben Bella porte l’émotion de son arti­sanat d’origine, il sent sa jungle, il bruisse de rumeurs asi­a­tiques, il craque, il se gon­dole, montre ses veines, sa paille et son grain ; se sou­vient du mariage entre les bouil­lies de car­tons et le grossier châssis qui l’a engendré. Il est si beau qu’il faut du courage pour oser l’encoller, le blanchir, le noircir, le mouiller de couleurs. « Il a déjà une âme. Il y a un homme der­rière », dit le peintre.
Bien sûr, Ben Bella a été fasciné par les cal­ligra­phies ori­en­tales. Mais son abstrac­tion n’est ni religieuse ni poli­tique, ni théorique ni polémique. Il revendique la non-sig­nifi­ance. Non pas l’abstrac­tion au sens commun, l’améri­caine ou la française, mais une nou­velle forme, écriture, danse et musique mêlées. Le refus de la figure non pas en vertu d’une icono­gra­phie religieuse ou cul­turelle, mais parce qu’elle ne traduirait pas suff­isam­ment le lan­gage des nerfs, la musique de la main.

Gouache, aquarelle, taches, stries, bal­afres, cal­ligra­phies nerveuses à la plume de musi­cien. Opacité ou trans­parence, noir ou couleur, page d’écriture ou feu d’arti­fice, vit­rail ou mantra, damier ou buisson brous­sailleux, lavis rêveur ou griffe touffue, par­fois même du vide qui sur­prend. Comme il aligne ses let­tres fausses et folles, le peintre con­struit ses pages. Colonnes, hiéro­glyphes, poèmes, entre­filets, ver­sets, tablettes, par­chemins, enlu­min­ures, let­tres ornées, entrelacs minia­tures, autant de mas­sifs d’écritures et de signes. Il n’a aucun texte en tête. Comme dans un rêve, le livre se déploie, tourne ses pages en nombre infini. Au réveil, il y a quand même un tableau ! (Alain Jaubert, Ben Bella. La Musique des Signes. Catalogue de l’expo­si­tion Mahjoub Ben Bella. Les belles feuilles, La Piscine, Roubaix, 2015)
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La Piscine, Les Belles feuilles.
Compagnon de route du musée de Roubaix, bien avant qu’il ne s’installe dans la piscine de la rue des Champs, Mahjoub Ben Bella présente cet automne son œuvre graphique. Si l’artiste est reconnu pour ses grands for­mats où se devine sa gestuelle obstinée et dansée, La Piscine fait aujourd’hui le choix de mon­trer le tra­vail sur papier qui accom­pagne le peintre depuis ses débuts. Les signes sont tou­jours présents sur ces œuvres. Mais, alors que sur la toile ils pour­raient être perçus comme un chant qui s’écoute et se regarde, ici ils se déchiffrent et ils se lisent, roman inachevé et tou­jours en chemin de la vie de l’artiste, de son his­toire, sa mémoire, sa cul­ture, sa pas­sion.
Plus de cent oeu­vres seront réu­nies pour cet événement qui évoquera les dif­férentes facettes de l’oeuvre sur papier de Mahjoub Ben Bella. La qualité même des feuilles util­isées qui peu­vent ajouter au côté pré­cieux de ce tra­vail, l’intimité des car­nets de cro­quis où s’effeuille à nos yeux écarquillés toute la richesse d’une inspi­ra­tion déliée, le réper­toire des formes ou de l’informel qui nous place tantôt devant la vir­tu­osité d’une gestuelle abstraite, tantôt devant le sou­venir magi­cien d’une archi­tec­ture sacrée autant qu’imag­i­naire, l’élégance dis­crète de l’aquarelle, l’épaisseur mate de la gouache et la stri­dence graphique de l’encre noire, les mises en page auto­cen­trées ou les motifs en all over … Cette expo­si­tion permet d’entrer en com­mu­nion avec la cohérence et la diver­sité d’une oeuvre qui s’impose aujourd’hui comme l’une des plus sin­gulières et des plus riches d’une moder­nité autonome.
(Mahjoub Ben Bella, Les belles feuilles. La Piscine, Roubaix. 24.10. 2015 - 31.01. 2016)
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Jean-Louis Pinte
Ce que l’on dis­tingue d’abord dans sa pein­ture, c’est bien sûr le signe. Sa répéti­tion. Sa réso­nance comme s’il s’agis­sait d’un chant incan­ta­toire. Mais le propos de Mahjoub Ben Bella n’est pas d’illus­trer ou de suivre les traces illus­tra­tives d’une quel­conque cal­ligra­phie arabe. Non ! Il en traduit sim­ple­ment une musi­calité qui trouve son rythme aussi bien dans le trait que dans la couleur. La par­ti­tion s’égrène de part en part, lanci­nante et vibrante de tous les sons. Bousculant le silence de la monochromie, il couvre la toile jusqu’à l’excès, la frappe du sceau de ses croches, l’embellit de tonal­ités chan­tantes. Il la trans­porte dans une abstrac­tion syn­copée et linéaire. Dépassant par­fois cette simple tonalité, il tente de nous perdre dans le bruisse­ment même de la vie, dans des paysages frémis­sants, des stri­dences retenues. Connu pour ses fresques routières dans le nord de la France, Ben Bella a recou­vert de ses signes 12 kilo­mètres de pavé. Dans ses toiles, il com­pose des champs sacrés dont les sil­lons nous entraî­nent au-delà du simple lyrisme. Il se laisse pos­séder par le ver­tige de l’écriture jusqu’à l’extase. Jusqu’à devenir le chantre d’un livre de prières à la gloire même de l’art. (Jean-Louis Pinte, Les champs sacrés de Ben Bella, Figaroscope)
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Mustapha Laribi
Longtemps réglées par la gra­phie arabe, les créa­tions de Mahjoub Ben Bella n’en ont con­servé peu à peu que le matériau pic­tural, don­nant à voir une œuvre dense qui s’inscrit dans un double héritage : celui de la cal­ligra­phie arabe et de la pein­ture européenne. Qu’il joue sur la pro­fu­sion des motifs ou sur les per­for­mances de sa gamme chro­ma­tique, l’artiste crée un con­stant et minu­tieux dia­logue du signe et de la couleur.(Mustapha Laribi, Algérie à l’affiche)
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Marie-Odile Briot
En 1986, il peint les célèbres pavés du Paris-Roubaix, L’envers du Nord, fresque routière de 12 kilo­mètres (35 000 mètres carrés). Ce tapis de signes, ce rouleau d’écritures, n’est que l’une des méta­mor­phoses d’un imag­i­naire cal­ligraphique généra­teur de son espace pic­tural. (...) Ben Bella procède à un “dérè­gle­ment sys­té­ma­tique” de la cal­ligra­phie arabe pour en faire l’espace d’une pein­ture capable d’inve­stir de sa minutie la magie des tablettes et des tal­is­mans, et de l’ampleur de sa ryth­mique le format gigan­tesque des toiles. La cal­ligra­phie développe en con­tre­point la répar­ti­tion des taches col­orées et l’économie répéti­tive de la ligne, comme une choré­gra­phie désyn­chro­nisée dont les écarts ouvrent des ver­tiges, comme une poly­phonie dont les dis­cor­dances hal­lu­ci­nent. Ce que cette transe doit à la musique, ses amis com­pos­i­teurs le savent. Ce que cette “véhé­mence des signes” doit à l’his­toire reste au secret de leur illis­i­bilité : dans tels “tal­is­mans” cousus, les jour­naux con­tem­po­rains de la guerre d’Algérie tien­nent lieu de texte sacré. (Marie-Odile Briot, Dictionnaire d’art mod­erne et con­tem­po­rain, Hazan, Paris)

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