DAHMANE, PHOTOMONTAGES, 2003-2016.
Jean-Louis Poitevin.
La technologie numérique du XXIème siècle va permettre à Dahmane de jouer sur d’autres tableaux, tout en conférant à son amour inconsidéré pour la perfection du détail une nouvelle force. Les heures passées à accorder corps et décors lui permettent de se confronter plus avant à sa seconde passion, celle qui a trait à la composition. Chacune de ses photographies est réellement et absolument composée. Ce que cela signifie ? Que le jeu qu’il pratique, la provocation amoureuse qu’il réalise, le choc entre attente et désir qu’il déclenche sont portés par un goût absolu pour la rigueur de l’équilibre, celui qui depuis les origines obsède les peintres. Photographier, pour lui, c’est donc être fidèle à la grande culture classique que ses parents lui ont transmise et qu’il révère.
Il était inévitable qu’il désire, par respect et par jeu, se confronter à l’œuvre de grands maîtres en y intégrant ses propres personnages. Dans ses travaux les plus récents, reprises de tableaux de maîtres, il ne plagie pas, il révèle la part de rêve inaccompli de ces œuvres magistrales. Le corps féminin y était déjà souvent célébré ; en y introduisant des jeunes femmes d’aujourd’hui, il rend le passage du temps caduc et nous ouvre une porte sur un présent éternel. Chacun de ces tableaux était un hommage à la beauté. Chaque œuvre de Dahmane est à la fois hommage à l’art, à son histoire et célébration d’une noce nouvelle, celle qui nous illumine chaque fois que se rejoignent en nous les fils du temps et une torsade aux lignes épurées, statue absolue où sont tissés ensemble nos visions et nos rêves.