Dia Al-AZZAWI, Black Roots, 2001 + Blue Landscape, 2015.
Par Claude Lemand
11 Septembre 2001. Face à l’attaque contre les 2 tours de New York, qui passe en boucle sur les chaînes des TV du monde, la réaction artistique de Dia Al-Azzawi est immédiate. Black Roots peint une vision de cauchemar : les 2 tours sont toujours debout mais noires et calcinées, les flammes qui montent sont immenses mais sombres, le ciel et l’horizon sont noirs.
Nationaliste arabe ouvert aux autres cultures, engagé dans la défense et l’illustration de l’identité et des cultures du Monde arabe, il a toujours dénoncé les agressions que mène l’Occident contre les pays et les peuples arabes, son soutien à Israël et aux régimes arabes autoritaires et corrompus, … Mais, l’attaque sur New York ayant été menée par de jeunes Saoudiens, l’artiste prend conscience du fait que la culture ancestrale des Arabes a une face sombre et négative. Black Roots dit clairement que les Arabes aussi ont une responsabilité dans leur malheur : c’est un peuple de tribus qui ont la passion de la violence et de la destruction.
Né à Bagdad en 1939, Dia Al-Azzawi s’établit à Londres en 1976. La visite des musées et des bibliothèques d’Europe lui a permis de s’ouvrir aux arts de nombreuses civilisations et de redécouvrir la riche civilisation de la Mésopotamie et les manuscrits de l’âge d’or de la civilisation arabe de l’époque des Abbasides.
La culture et l’histoire de son pays et de l’ensemble du monde arabe sont restées sa principale source d’inspiration. Très sensible à la poésie, il a réalisé une oeuvre riche et abondante, en s’inspirant des grands poèmes du passé et des poètes arabes modernes et contemporains.
Sur les 20 tondos qu’il a peints depuis 2001, Black Roots est le seul qui soit tragique, lié à l’histoire contemporaine, tous les autres célèbrent dans la couleur la beauté du monde, la joie de vivre, le bleu du rêve nocturne, sans aucun cauchemar.
C’est le cas de son grand bas-relief en tondo Blue Landscape, 2015, composition cubisante qui pourrait représenter un paysage réel, vu à travers le hublot d’un avion (l’artiste voyage beaucoup) ou une fenêtre qui donne sur le bleu de la Méditerranée, un paysage de rêve avec un bleu profond, diurne ou nocturne, … l’interprétation reste ouverte.
Ces deux tondos illustrent bien les 2 versants permanents du grand artiste arabe de Londres : une influence de Pablo Picasso sur les oeuvres inspirées par les massacres et les événements violents qui traumatisent le Monde arabe depuis des décennies et une influence d’Henri Matisse sur les oeuvres gaies et colorées qui expriment la Joie de vivre dans la Nature et les Jardins d’Orient.