Un itinéraire est le titre de deux expositions que la galerie consacre au grand artiste Dia Al-Azzawi, pour mettre en lumière la richesse de sa créativité depuis ses débuts en 1963 jusqu’en 2012, soit une période de 50 ans. Les peintures et les gouaches de la présente exposition appartiennent à la collection personnelle de l’artiste et sont exposées pour la première fois en galerie.
Corneille. Rencontres avec les œuvres d’Azzawi. Paris, juin 1981.
1. Je vois dans les toiles des lettres, des graphismes, de la calligraphie, une écriture que je sais arabe, mais que je ne peux pas déchiffrer. Je la sens, cette calligraphie, faisant partie du rythme de la toile, la ponctuant, la soutenant, la terminant parfois avec rage. Si la signification de ces signes m’échappe, je ne pense pas qu’a priori la lecture soit nécessaire. Je peux lire autrement, ma sensibilité d’occidental peut l’apprécier différemment. Cette calligraphie, je peux en admirer la force, reconnaître la justesse des traits, en suivre avec étonnement les multiples lignes enchevêtrées, voir l’harmonie ou voir les discordances voulues, apportant la grâce ou le poids nécessaire à la composition de la toile. Ainsi, lorsque je vis à Grenade la magistrale calligraphie arabe qui recouvre les murs du Palais de l’Alhambra, me parut-elle une suite de dessins abstraits d’une incroyable beauté.
2. Les toiles du peintre Azzawi sont une oasis luxuriante. Une luminosité presque fluorescente se dégage de certaines œuvres. L’ensemble est fortement oriental, très évocateur, rien à voir avec l’orientalisme. Des nuits profondes, parfumées, surgissent les silhouettes des palais et des mosquées. Cependant, comme un brusque rappel d’une douloureuse réalité d’aujourd’hui, des oiseaux paraissent, déchiquetés, déchirés, tombant ailes déployées à la verticale.