Un Itinéraire est le titre de deux expositions que la galerie consacre au grand artiste irakien de Londres Dia Al-Azzawi, pour mettre en lumière la richesse de sa créativité depuis ses débuts en 1963 jusqu’en 2012, soit une période de 50 ans. Les peintures et les gouaches de la présente exposition appartiennent à la collection personnelle de l’artiste et sont exposées pour la première fois en galerie.
Corneille. Rencontres avec les œuvres d’Azzawi. Paris, juin 1981.
3. Le langage plastique que s’est forgé le peintre atteint aujourd’hui une réelle densité plastique. Une qualité dans le rassemblement des formes qu’il nous donne à voir et une nouvelle et intense magnificence de la couleur. Petit à petit disparaît l’écriture ou la lettre.
Sans cesse, il trouve des combinaisons nouvelles et heureuses pour l’agencement des formes, nous faisant part ainsi de son émotion. De ce chatoiement de couleurs se dégage comme un chant vibrant, comme la voix rauque, ardente du bédouin dans le désert. Car regarder sa peinture c’est entendre – sa couleur est sonore, ses formes musique – sa peinture est voix. Voix humaine, belle. Voix authentique qui raconte la pure et dure existence des bédouins, des nomades, des paysans en Irak, leur piété, leurs superstitions, leurs aspirations profondes.
La peinture d’Azzawi évoque aussi le tapis d’Orient. Chefs-d’œuvre de patience chargés de symboles et de significations. Langage secret et raffiné empli d’une poésie profonde, racontant depuis des siècles l’histoire et les émotions d’obscures tribus. Aussi, pour celui ou celle qui regarde les toiles du peintre, la rutilance et la beauté de ses couleurs n’invitent pas seulement à la délectation des yeux. Derrière cette architecture de formes et de couleurs aux résonances rythmiques et musicales, se cache l’homme qui parle de son pays - qui le chante plutôt. Nos yeux doivent écouter.