DISLOCATIONS. Exposition de 15 artistes au Palais de Tokyo.
Commissaires : Marie-Laure Bernadac et Daria de Beauvais.
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Exposition du 15 février au 30 juin 2024
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L’exposition "Dislocations" réunit quinze artistes de générations et d’origines différentes (Afghanistan, France, Irak, Iran, Liban, Libye, Myanmar, Palestine, Syrie, Ukraine), dont le travail est marqué ou informé par l’expérience de l’exil, du déchirement entre l’ici et l’ailleurs, entre le passé et le présent : Majd Abdel Hamid, Rada Akbar, Bissane Al Charif, Ali Arkady, Cathryn Boch, Tirdad Hashemi, Fati Khademi, Sara Kontar, Nge Lay, Randa Maddah, May Murad, Armineh Negahdari, Hadi Rahnaward, Maha Yammine, Misha Zavalniy.
Leurs pratiques convoquent savoir-faire ancestraux et technologies contemporaines, gestes humbles et matériaux pauvres. Il s’agit de rendre hommage à la nécessité vitale et à l’intensité de la création artistique à travers des récits fragmentés croisant déplacement, emprisonnement, guerre, mais aussi résilience et réparation. À une époque où l’actualité géopolitique internationale est un palimpseste de temps et d’espaces en crise, les artistes peuvent apparaître comme des vigies, attentives aux soubresauts du monde et aux mouvements de la société qui sont autant d’ondes telluriques. Être une vigie, c’est être témoin de son temps, déployer la puissance de son imaginaire en explorant les réalités sociales et politiques d’hier, d’aujourd’hui et de demain.
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Bisane AL CHARIF (Paris, 1977 - Palestine-Syrie-France)
Bissane Al-Charif a étudié l’architecture à l’Université de Damas et la scénograhie à l’Ecole nationale supérieure d’architecture de Nantes, avant d’entamer une carrière de scénographe pour le cinéma, le théâtre et l’opéra. Après son départ de Syrie en 2013, elle développe en parallèle une œuvre plus personnelle (dessins, installations et vidéos), en lien avec la particularité de son parcours, fait de ruptures et de recommencements, centrée sur la question de la mémoire individuelle et collective. Elle ancre sa recherche dans le réel, à partir de témoignages ou de matériaux documentaires, tout en interrogeant les formes et pratiques artistiques elles-mêmes.
L’artiste a réalisé une série de trente autoportraits sur papier à piano mécanique, intitulée Pianola. Ces dessins apparaissent comme un journal intime ou ene cartographie émotionnelle. L’ouïe, la vue, la parole, sont régulièrement obstruées – notamment par des fruits et des vénégtaux – comme si témoigner était de la plus grande difficulté. Ailleurs, les yeux sont grand ouverts, comme si ne rien rater des soubresauts du monde était au contraire de la plus haute importance. Des termes musicaux tamponnés à plusieurs reprises, tels que « solo » ou « adagio, ma non troppo » (lent, mais pas trop) évoquent autant des compositions que l’état d’esprit de l’artiste. Le vert, symbole d’espoir, est la couleur prédominante de cet ensemble.