EUGENIE PAULTRE, VERTICALES. PEINTURES RECENTES.
Emmanuel Daydé, Eugénie Paultre. A la verticale des passions.
Eugénie Paultre dresse d’irradiantes colonnes verticales, tels des hommes et des femmes debout. La peinture toute d’espérance d’Eugénie Paultre entretient un rapport particulier à l’icône en ce début du XXIème siècle. A l’inverse toutefois du contresens de l’icône virtuelle, cette peinture extasiée s’apparente à l’icône religieuse, qui est transfiguration et non pas représentation de l’univers qui nous entoure. La frontalité verticale et massive des personnages aux grands yeux et aux auréoles jaunes, qui se tiennent par l’épaule tels des colonnes inébranlables, a ainsi pu inspirer certains tableaux de larges bandes aux couleurs chaudes et quasi orientales : ces bitumes de Judée désertiques, ces bruns de momie profonds, ces oranges écaillés, ces roses fleuris et ces rouges cardinalices en savent plus long que ce que nous voulons bien savoir.
Observant, lors d’une résidence sur les bords de l’Atlantique, la division de la mer et du ciel, l’artiste avait pourtant adopté initialement un format paysage pour ses bandes. C’est en les rétrécissant et en les accolant de manière de plus en plus serrée, en opposant des matières épaisses à des fluidités aquatiques, qu’elle a opéré cette humanisation verticale et rendu ses éclats de nature à des élancements primitifs en station debout. Passés par toutes les terreurs obscures du noir et du violacé, les rythmes se font aujourd’hui de plus en plus secs et rapides, avec des raies de lumières comme aperçues derrière la porte, en même temps que les couleurs s’enflamment en un chaudron solaire. Ses bandes multicolores s’efforcent de retenir en de somptueux levers de soleil les lignes forces de notre humanité. Elles irradient d’une lumière interne si intense qu’on ne peut les regarder qu’en clignant des yeux. « Remettre à plus tard la joie » prévenait l’artiste ? Eh bien non, que la joie demeure, ici et maintenant.