Farewell dear MELEHI. Beirut, Lebanon and the Arab world say THANK YOU!
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Mohamed MELEHI has left us. He was the last great living representative of Moroccan modernity. We offer our deepest condolences to his wife Khadija, to his children and to all his relatives. We join with his many friends and admirers, in Morocco and around the World, in paying tribute to his endearing personality and to his admirable works.
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Tribute to Beirut.
I called him the day after the August 4th explosions. Generous as usual, he enthusiastically welcomed my invitation to pay homage to Beirut, the city of light in the Middle East that he had known. Beirut is the title of his last and large painting, in tribute to his friendship and solidarity with Lebanon. It will be exhibited at the Institut du monde arabe, along with the other works of the Tribute to Beirut - Salâmun li Bayrût, which will be dispersed in April 2021 by Christie’s Paris.
This painting by Mohamed MELEHI is rich in all the inventions of geometric abstraction, but its shapes and colors are very concrete and symbolic, a synthesis of what Beirut and Lebanon represented for him:
WHITE (snow-capped mountains, the clarity and radiance of its culture,…), the BLUE (waves of the Mediterranean Sea, its sky, hope,…), the GREEN (the cedars of Lebanon, its green hills, life,…) , RED (fights for independence, freedom, social justice, but also the flames of the explosions and fires that have destroyed Beirut over the centuries, until those of August 4, ...), the GRAY (of the ashes of the city, of the burnt green forests, of the greyness of social life to which the population has been condemned year after year, ...) and the BLACK (of the charred port and city, of the mourning of so many deaths and misfortunes of a people, of the obscurantist and morbid ideology which swept over the whole region to destroy all traces of civilization, extinguish the flame of freedom and plunge into darkness Beirut, the city of light of the Middle East !).
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Mohamed MELEHI.
Considéré comme une figure majeure de l’art moderne et contemporain marocain et mondial, Mohamed Melehi (né au Maroc en 1936) nous a quittés le 28 octobre 2020 des suites d’une contamination au virus de la covid-19. Cette perte tragique, pour un créateur qui rayonne sur la scène artistique depuis la fin des années 1950, nous plonge dans une peine profonde pour sa famille et ses proches. Ce poète visuel et ardent défenseur de la liberté créatrice et de l’art pour tous, n’était pas seulement peintre mais également photographe, muraliste, designer graphique, pédagogue et activiste culturel.
Melehi incarne à lui seul la profonde filiation du Maroc avec le mouvement moderne et contemporain ; au-delà même du Maroc, de son profond sentiment d’appartenance à une vaste communauté d’esprits incluant les arts d’Afrique, de la Méditerranée et ceux du Monde arabe, de Casablanca à Bagdad.
Il n’est pas d’aventure artistique plus exaltante que celle incarnée par Melehi depuis les années 1950, ses expérimentations abstraites, de Rome à New York, jusqu’à la pleine maturation de la vague, son motif emblématique, dans les années 1970 et jusqu’à aujourd’hui.
Melehi a joué un rôle majeur dans le développement local de la pédagogie artistique et des pratiques expérimentales au Maroc. Durant les années 1960, aux côtés de Farid Belkahia, Mohamed Chabâa, Toni Maraini et Bert Flint, il contribue à un tournant historique de l’éducation artistique, au sein de l’École des beaux-arts de Casablanca. Une école regroupant différents ateliers de peinture, sculpture, décoration, graphisme et calligraphie-typographie, encourageant les étudiants à aller au-delà de l’histoire de l’art occidental, pour s’intéresser à la production artistique et artisanale locale.
Melehi, qui a toujours porté le flambeau pour les artistes de son pays et au-delà, a notamment occupé, entre 1985 et 1992, un poste au ministère de la Culture du Maroc, contribuant au développement d’espaces d’art et d’instituts culturels. Entre 1999 et 2002, il travaille également comme consultant culturel au ministère des Affaires étrangères. Parmi ses quelques expositions rétrospectives, celle que lui consacre l’Institut du monde arabe en 1995 représente un jalon historique, pour une institution qui se sentira toujours liée à l’héritage multiculturel de cet artiste hors-norme.
La richesse de son parcours personnel mais aussi de ses collaborations à travers le monde et les réseaux militants et artistiques dans lesquels Melehi a joué un rôle fondamental sont tous révélés et mis en lumière dans une exposition récente: Mohamed Melehi and the Casablanca Art School Archives, The Mosaic Rooms, London / MACCAL, Marrakech / Alserkal Arts Foundation, Dubai, 2019-2020. Commissariat : Zamân Books & Curating.