HADY SY. One Blood - Sifr - Wall of Hope - Beyrouth 609.
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Né à Beyrouth en 1964, Hady Sy est un artiste pluridisciplinaire dont la pratique met l’accent sur de nombreux problèmes de fond, sociaux, géopolitiques et existentiels. Son œuvre se décline dans un langage humaniste intense et idéaliste.
Avec un père premier ambassadeur du Sénégal au Moyen-Orient et une mère libanaise, Sy grandit au Liban, un pays qu’il quitte en pleine guerre civile après sa licence en communication au Beirut University College en 1984. Il continue son éducation à Paris, où il obtient un mastère en image et média à l’École Française des Attachés de Presse (EFAP) et un DESS en sciences politiques à la Sorbonne. En 1988, il fonde le festival international de photographie de mode, dont il est le directeur créatif jusqu’en 1998.
Installé à New York, Sy est témoin de la tragédie du 11 septembre 2001, qui marque ses deux prochaines expositions personnelles, In God We Trust, montrée en 2004 chez Ethan Cohen à New York, et Nor For Sale, une commande du Centre National des Arts Plastiques pour Visa Perpignan en 2007. Les deux séries emploient l’esthétique du rayon X, en particulier pour radiographier des armes et des autoportraits, pour dénoter une certaine maladie inhérente et proposer une réflexion sur l’identité, l’ethnicité, la religion et la guerre, et plaider pour la paix et la tolérance. In God We Trust voyage à travers le monde et devient le sujet d’un livre, tandis que Not For Sale est acquise par le Fonds National d’Art Contemporain.
Son projet One Blood (2009-13), le résultat d’une résidence artistique du Ministère libanais de la culture, conduit Sy à visiter 76 pays pour photographier 546 donneurs de sang. Présenté sous la forme d’une installation multimédia, le projet transforme une mosaïque infinie d’individus en un dénominateur humain commun, en exposant des portraits de donneurs de sang auprès des sacs de sang obtenus.
En 2017, Sy présente Sifr, un ensemble d’œuvres méditant sur la valeur et la nature de la monnaie et son role dans la société contemporaine. Sifr utilise notamment le billet de ‘zéro dollars’ dans des images et des installations pour questionner ce qui donne sa valeur à l’argent au delà de son existence physique et ce qui fait du chiffre zéro, qui à priori a une valeur nulle, un symbole incontournable d’accumulation de richesse et de pouvoir.
Son Wall of Hope, érigé au centre-ville de Beyrouth en septembre 2019 et décliné en petites sculptures, fait exploser un mur de démarcation, tels ceux construits à travers le monde depuis le 11 septembre 2001 en réponses aux hantises du terrorisme et de l’émigration. Sy force la confrontation avec des problématiques concernant l’inégalité globale, ainsi que les objectifs idéologiques, psychologiques et socioéconomiques des murs. Il présage le démantèlement complet du mur, en créant dans ce dernier une ouverture sensuelle qui adoucit la violence de l’explosion, et invite les spectateurs à le traverser pour s’imprégner de son message de paix.
Après l’explosion du port de Beyrouth le 4 août 2020, Sy crée un trio de sculptures représentant le nombre 609 en calligraphie arabe ou latine, des sculptures qui représentent la ville de Beyrouth en tant que Femme. 609, le nombre de l’Ange, est l’incarnation de l’interminable cheminement de la vie, mais masque aussi le chiffre huit, le chiffre marquant la minute après six heures quand Beyrouth fut ravagée. Les sculptures furent présentées pour la première fois à Beyrouth lors de l’exposition L’Art blessé à la villa Audi, qui rassemblait des œuvres endommagées lors de l’explosion.
Hady SY vit et crée à Beyrouth.