MAHJOUB BEN BELLA - DESSINS : THAI + MAYA.

Du 25 février au 31 mars 2019 - Espace Claude Lemand

  • BEN BELLA, Thaï II.

    Thaï II, 2003. Technique mixte sur papier thaï, 79 x 55 cm. Musée, Institut du monde arabe, Paris. Donation Claude & France Lemand 2019. © Succession Mahjoub Ben Bella. Courtesy Galerie Claude Lemand, Paris.

  • Ben Bella, Maya.

    Maya, 2009. Technique mixte sur papier Népal, 88 x 68 cm. Musée de l'Institut du monde arabe, Paris. Donation Claude & France Lemand 2019. © Mahjoub Ben Bella. Courtesy Galerie Claude Lemand, Paris.

MAHJOUB BEN BELLA - DESSINS : THAI + MAYA.


Alain Jaubert.

« Avec sa cou­leur savane, ses poils sau­va­ges, le papier thaï de Mahjoub Ben Bella porte l’émotion de son arti­sa­nat d’ori­gine, il sent sa jungle, il bruisse de rumeurs asia­ti­ques, il craque, il se gon­dole, montre ses veines, sa paille et son grain ; se sou­vient du mariage entre les bouillies de car­tons et le gros­sier châs­sis qui l’a engen­dré. Il est si beau qu’il faut du cou­rage pour oser l’encol­ler, le blan­chir, le noir­cir, le mouiller de cou­leurs. « Il a déjà une âme. Il y a un homme der­rière. », dit le pein­tre.

Bien sûr, Ben Bella a été fas­ciné par les cal­li­gra­phies orien­ta­les. Mais son abs­trac­tion n’est ni reli­gieuse ni poli­ti­que, ni théo­ri­que ni polé­mi­que. Il reven­di­que la non-signi­fiance. Non pas l’abs­trac­tion au sens commun, l’amé­ri­caine ou la fran­çaise, mais une nou­velle forme, écriture, danse et musi­que mêlées. Le refus de la figure non pas en vertu d’une ico­no­gra­phie reli­gieuse ou cultu­relle, mais parce qu’elle ne tra­dui­rait pas suf­fi­sam­ment le lan­gage des nerfs, la musi­que de la main.

Gouache, aqua­relle, taches, stries, bala­fres, cal­li­gra­phies ner­veu­ses à la plume de musi­cien. Opacité ou trans­pa­rence, noir ou cou­leur, page d’écriture ou feu d’arti­fice, vitrail ou mantra, damier ou buis­son brous­sailleux, lavis rêveur ou griffe touf­fue, par­fois même du vide qui sur­prend. Comme il aligne ses let­tres faus­ses et folles, le pein­tre cons­truit ses pages. Colonnes, hié­ro­gly­phes, poèmes, entre­fi­lets, ver­sets, tablet­tes, par­che­mins, enlu­mi­nu­res, let­tres ornées, entre­lacs minia­tu­res, autant de mas­sifs d’écritures et de signes. Il n’a aucun texte en tête. Comme dans un rêve, le livre se déploie, tourne ses pages en nombre infini. Au réveil, il y a quand même un tableau ! »

(Alain Jaubert, Ben Bella. La Musique des Signes. Catalogue de l’expo­si­tion Mahjoub Ben Bella. Les belles feuilles, La Piscine, Roubaix, 2015)


Jean-Louis Pinte.

« Ce que l’on dis­tin­gue d’abord dans sa pein­ture, c’est bien sûr le signe. Sa répé­ti­tion. Sa réso­nance comme s’il s’agis­sait d’un chant incan­ta­toire. Mais le propos de Mahjoub Ben Bella n’est pas d’illus­trer ou de suivre les traces illus­tra­ti­ves d’une quel­conque cal­li­gra­phie arabe. Il en tra­duit sim­ple­ment une musi­ca­lité qui trouve son rythme aussi bien dans le trait que dans la cou­leur. La par­ti­tion s’égrène de part en part, lan­ci­nante et vibrante de tous les sons. Bousculant le silence de la mono­chro­mie, il couvre la toile jusqu’à l’excès, la frappe du sceau de ses cro­ches, l’embel­lit de tona­li­tés chan­tan­tes. Il la trans­porte dans une abs­trac­tion syn­co­pée et linéaire. Dans ses toiles, il com­pose des champs sacrés dont les sillons nous entraî­nent au-delà du simple lyrisme. Il se laisse pos­sé­der par le ver­tige de l’écriture jusqu’à l’extase. Jusqu’à deve­nir le chan­tre d’un livre de priè­res à la gloire même de l’art. »

(Jean-Louis Pinte, Les champs sacrés de Ben Bella, Figaroscope)

Copyright © Galerie Claude Lemand 2012.

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