https://drive.google.com/file/d/17UIY1l3kRMIvzftS3_LtwR6PMT-D2Lha/view?usp=sharing
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SHAFIC ABBOUD. Masterpieces 1948-2000.
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Claude Lemand (citations) :
Né au Liban le 22 novembre 1926 et décédé à Paris le 8 avril 2004, Shafic Abboud est le plus français des peintres du Monde arabe. Il avait une grande affinité avec la peinture de Pierre Bonnard et la technique picturale de Nicolas de Staël, il avait appartenu à la « Nouvelle Ecole de Paris » et avait été invité par le comité français des jeunes critiques à participer dès 1959 à la Première Biennale de Paris. Il avait réussi aussi à abolir la frontière entre cet art occidental savant et la culture populaire libanaise dont il était profondément imprégné depuis l’enfance. Ses peintures sont un manifeste pour la couleur et la lumière, pour la liberté et la Vie ; elles célèbrent la sensualité de la matière picturale, celle du corps des femmes, des textiles chatoyants et la beauté inspirante et paradisiaque du pays de son enfance. Son œuvre et sa personnalité ont fonctionné comme une passerelle permanente entre la France, le Liban et le Monde arabe.
Son œuvre de la maturité est transfigurative, synthèse entre son monde enchanté de l’enfance et sa maîtrise technique de la peinture abstraite parisienne, qu’il voulait dépasser et lui donner une âme personnelle et une pâte riche et lumineuse : donner à voir en peinture les visions multiples, intimes ou éclatantes, de ses mondes intérieurs et extérieurs.
Shafic Abboud n’était ni pratiquant ni croyant d’aucune religion, mais il a été très influencé dans son enfance par la splendeur de la liturgie byzantine gréco-arabe. L’art triomphe de la mort, fut-ce symboliquement et, comme le dit Adonis, « Les grands artistes ne meurent jamais ! ».
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Shafic Abboud (citations) :
Ne s’arrêter que lorsque la couleur et la lumière coïncident. La couleur je n’y échapperai pas, c’est une fatalité, c’est ma nature ; mes yeux ont dû être à jamais éblouis. Le choc de deux couleurs provoque la lumière. Vraie ou fausse, cette théorie me fait peindre. (Mai 1982)
Le peintre est amoureux fou de ce qu’il cherche (et donc ne connaît pas). (Non daté). Cette infinie jouissance à l’idée de peindre. Je vais à mon atelier avec un grand désir. J’entre et regarde avec la délectation de l’amoureux ainsi que les frayeurs. (Mars 1982)
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Tom Laurent :
Œuvre de lumière aux flux picturaux colorés, l’art de Shafic Abboud a su, dès les années 1950, s’imprégner des courants de l’abstraction la plus libre pour décliner un lyrisme exalté. Arrivé à Paris en 1947, ce Libanais n’incarne en aucun cas la figure d’un déraciné. Profondément attaché à son pays d’origine, où il retourne régulièrement, son œuvre s’affirme comme un syncrétisme entre la modernité occidentale dont il saisit l’amplitude avec la nouvelle Ecole de Paris (de laquelle il est partie prenante), et le prisme oriental perçu dans les lieux de cultes byzantins gréco-arabes. Séduit par les intérieurs gorgés de lumière de Bonnard, et plus encore par l’esthétique de Nicolas de Staël, il abandonne progressivement la figuration et fait sienne l’absence de sujets dûment reconnaissables. Chez Shafic Abboud, la peinture de la maturité est celle qui synthétise expérience personnelle et technique abstraite. « Il y a dans la genèse de chaque toile un déclic visuel venu d’un évènement vécu », explique-t-il en 1979. C’est en « conteur » que le peintre, décédé en 2004, dit avoir travaillé. (Tom Laurent, Art Absolument)