Galerie Claude Lemand

28 janvier 2019

DIA AL-AZZAWI, Bilâd al-Sawâd (Terre noire) - LE MONDE, 28.01.2019

Dia AL-AZZAWI, Bilâd al-Sawâd (Terre noire), 1993.
Neuf dessins, fusain sur papier, 195 x 150 cm.

La Guerre du Golfe atteint l’artiste de plein fouet. Lui qui n’a pas revu l’Irak depuis son exil à Londres en 1976, voit, par le biais des images d’actualité, le feu et le sang se déverser à l’aveugle sur les vivants et les morts, les amis et le patrimoine de la Mésopotamie, les victimes civiles et ce qui demeure l’une des contrées historiques de la civilisation arabe avec sa cité phare Bagdad.

Tout d’abord, Dia Azzawi esquisse sur des cahiers de dessins différents croquis empreints d’une atmosphère suffocante, c’est la genèse de sa série intitulée Bilâd Al-Sawâd (le pays noir : pays de la terre brûlée, mais aussi le pays de la terre fertile), le pays de la malédiction du pétrole, quand ce dernier déchaîne les appétits les plus féroces.

En 1993, le peintre à la conscience blessée dessine au fusain noir une série de visages schématiques en gros plan, où le blanc de la compassion le dispute aux ténèbres de la détresse. L’émotion est omniprésente : les faces pleurent, les bouches ouvertes hurlent, les deux mains masquent les yeux démesurément obscurs.

Ces neuf dessins de Dia Al-Azzawi, Bilâd al-Sawâd (Terre noire), 1993, ont été exposés en 2001 à Paris, dans le cadre de la première rétrospective que l’Institut du monde arabe lui avait consacrée, et en 2016 à Doha, dans la double rétrospective de son œuvre par les Musées du Qatar.